Si l’on me demandait de choisir un seul et unique appât pour le reste de ma vie de pêcheur, je serais bien embêté. Peut-être que dans un premier temps, je dirais la bouillette. Pour son attractivité, son profil nutritionnel, les multiples façons de l’utiliser et parce que c’est certainement l’appât qui m’a permis de prendre le plus de carpes. Mais quitte à accroître un dilemme déjà cornélien, il me faudrait ensuite retenir une recette particulière, une couleur, peut-être même un diamètre. Que d’interrogations. Et puis à bien y réfléchir, je pourrais finalement être tenté d’opter pour la noix tigrée. Je n’ai pas le souvenir d’avoir déjà fait des pêches vraiment prodigieuses grâce à elle, mais elle m’a en revanche souvent permis de tirer mon épingle du jeu sur des sessions qui s’annonçaient compliquées. À vrai dire, j’ai presque systématiquement une canne sur trois pêchant à la noix tigrée. Parce que je sais qu’elle est susceptible d’intéresser ce poisson au régime singulier ou aux habitudes différentes. Et parce qu’à moins d’avoir largement amorcé un appât en particulier afin de le faire accepter par un maximum de carpes, il est toujours judicieux de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
Noix tigrée et amorçage
L’un des principaux avantages de la noix tigrée, c’est sa dureté qui permet généralement de sélectionner les carpes et de ne pas être trop embêté par les tanches, brèmes et autres « indésirables ». La contrepartie, c’est qu’elle n’est pas tout à fait digeste pour les poissons (même si les carpes les broient légèrement grâce aux dents pharyngiennes) et qu’elle n’a pas le pouvoir d’attraction des farines contenues dans une bouillette. J’en profite pour rappeler l’importance du trempage et de la cuisson des noix tigrées, au même titre que toutes les autres graines d’ailleurs. Pour pallier à ce relatif manque d’attraction et cette nécessité de ne pas trop en mettre sur le coup, je mélange généralement les noix tigrées à du chènevis et du maïs. Pourquoi pas des bouillettes et des pellets. La part de noix tigrées ne représentant jamais plus de 20% du mix. Notez qu’on trouve dans le commerce des noix tigrées de diamètres différents, les plus petites étant idéales pour l’amorçage. L’idée avec ce type de mix est d’utiliser les huiles et attractants des autres appâts afin d’attirer les poissons sur le coup. Puis de diriger la carpe sur la noix tigrée sous-représentée, dont le goût et la texture différents lui paraîtront peut-être plus naturels. En théorie…
Astuces pour l’eschage
Ce qui me plaît beaucoup dans la noix tigrée, c’est que je peux laisser pêcher mon montage de nombreuses heures sans crainte. La noix tigrée sera peut-être attaquée par des petits poissons ou des écrevisses, mais ils n’arriveront jamais à l’entamer ou à la détacher du cheveu. Un atout de choix pour les plans d’eau difficiles où les lancers répétés ont tendance à faire fuir les poissons. Le montage que j’utilise ne diffère pas de quand j’utilise une esche différente sur le fond. Il est composé d’une section de tresse gainée semi-rigide d’environ 20 centimètres, dégainée deux centimètres avant le nœud sans nœud. À cela viennent s’ajouter un petit morceau de gaine thermorétractable formant un angle après la hampe de l’hameçon, ainsi qu’un petit morceau de tube enfilé sur l’hameçon et le cheveu, afin de piéger ce dernier au niveau de la courbe. En résulte un montage agressif et efficace, qui a toute ma confiance pour une pêche sur le fond. S’il peut m’arriver d’escher une noix tigrée dense directement, j’aime bien insérer un peu de liège à l’intérieur afin d’obtenir une esche équilibrée. Non pas que je veuille obtenir ici une présentation décollée du fond, mais plutôt un montage allégé et surprenant pour le poisson, avec l’hameçon restant discrètement posé sur le fond. Afin d’assurer la descente du montage sur le coup et renforcer l’attraction autour de l’esche, j’ajoute généralement un petit stick soluble rempli de noix tigrées broyées. Ce qui n’est pas la tâche la plus facile à réaliser, mais le jeu en vaut la chandelle !
